Pourquoi faire sécher des plantes médicinales en montagne ?
Quand les températures chutent et que la neige recouvre les sentiers, je ressens toujours le besoin de me reconnecter à la nature et de préserver ce qu’elle m’a offert pendant les beaux jours. Faire sécher des plantes médicinales pour l’hiver est une pratique ancienne, transmise de génération en génération, et particulièrement utile en milieu montagnard, où l’accès aux soins ou aux produits naturels peut être limité pendant les mois froids.
En altitude, la flore alpine regorge de plantes aux vertus remarquables : tisanes apaisantes, infusions digestives, remèdes contre le rhume et bien d’autres bienfaits. Cueillies à maturité et séchées dans de bonnes conditions, ces plantes deviennent nos alliées pour traverser l’hiver avec vitalité.
Quelques précautions avant la cueillette
Avant de me lancer dans la cueillette, je m’assure toujours d’identifier avec précision chaque plante. Certaines espèces se ressemblent et peuvent être toxiques. L’usage d’un guide illustré de botanique ou l’accompagnement par un spécialiste lors des premières sorties est fortement recommandé.
D’un point de vue écologique, je veille à ne jamais prélever plus d’un tiers d’un même groupe de plantes, pour respecter la régénération naturelle. Le respect de la biodiversité est au cœur de ma démarche, tout comme le respect des réglementations locales : certaines espèces sont protégées et leur cueillette est strictement interdite.
Comment faire sécher les plantes médicinales
Le séchage est une étape cruciale. Mal conduit, il peut altérer les principes actifs des plantes. Voici mes conseils de base pour réussir cette étape :
- Récoltez par temps sec : Idéalement en fin de matinée, lorsque la rosée a disparu et que les huiles essentielles sont encore concentrées dans les parties aériennes.
- Faites sécher à l’ombre : Une pièce bien aérée, sans lumière directe, est idéale. La lumière dégrade les molécules actives de nombreuses plantes.
- Disposez-les à plat ou en bouquets : Les tiges fines peuvent être suspendues en bouquets, tandis que les feuilles et fleurs plus fragiles seront étalées sur une grille ou un torchon propre.
- Stockez-les dans des bocaux hermétiques ou sachets en papier : Une fois complètement sèches (craquantes au toucher), les plantes doivent être conservées à l’abri de la lumière et de l’humidité.
10 plantes médicinales de montagne à faire sécher avant l’hiver
Voici une sélection de dix plantes faciles à reconnaître et à utiliser en hiver. Toutes poussent couramment en altitude et peuvent être récoltées avec soin. Elles représentent un bon point de départ pour les débutants en phytothérapie montagnarde.
- Tilleul (Tilia cordata) : Récoltez les fleurs pour préparer une infusion apaisante, idéale en cas de troubles du sommeil ou de stress. Le tilleul pousse souvent au bord des chemins ou dans les villages.
- Camomille matricaire (Matricaria chamomilla) : Ses petites fleurs blanches à cœur jaune, à l’odeur caractéristique, sont parfaites contre les troubles digestifs et les coups de froid. Séchée, elle se conserve plusieurs mois sans perte d’efficacité.
- Achillée millefeuille (Achillea millefolium) : Cette plante robuste pousse dans les prairies alpines jusqu’à 2000 mètres. Elle est utile pour calmer les troubles menstruels, les douleurs digestives et les petites inflammations.
- Ortie (Urtica dioica) : L’ortie est une mine de fer, de calcium et de vitamines. Les jeunes feuilles séchées servent à fortifier l’organisme pendant l’hiver. Attention à la cueillette pour éviter ses piqures.
- Sureau noir (Sambucus nigra) : Leurs fleurs, cueillies en juin, sont efficaces contre la fièvre et les états grippaux. Les baies, quant à elles, peuvent être séchées ou transformées en sirop.
- Thym serpolet (Thymus serpyllum) : Ce thym sauvage se trouve souvent dans les pelouses sèches et rocailleuses. Antiseptique et expectorant, il est excellent en infusion pour les infections respiratoires.
- Reine-des-prés (Filipendula ulmaria) : Riche en dérivés salicylés, cette plante est antalgique et anti-inflammatoire. Elle soulage douleurs articulaires et fièvre. Récoltez les sommités fleuries.
- Plantain lancéolé (Plantago lanceolata) : Ce compagnon des chemins et des prairies est un allié contre la toux sèche et les irritations des voies respiratoires.
- Framboisier sauvage (Rubus idaeus) : Les feuilles, une fois séchées, régulent le cycle menstruel et sont très utiles pour préparer le corps à l’accouchement chez les femmes enceintes.
- Gentiane jaune (Gentiana lutea) : Une plante phare des montagnes, à utiliser avec parcimonie. Sa racine amère stimule l’appétit et la digestion. Elle nécessite une autorisation particulière dans certaines régions.
Comment utiliser vos plantes séchées pendant l’hiver
Je privilégie majoritairement les infusions, qui me permettent de profiter en douceur des propriétés médicinales. Comptez environ une cuillère à soupe de plante sèche pour une tasse d’eau bouillante. Laissez infuser entre 5 et 10 minutes, selon l’épaisseur des plantes et l’effet recherché.
Certaines plantes, comme le sureau ou l’ortie, peuvent aussi entrer dans la composition de potages ou de sauces santé. Enfin, on peut préparer des macérats ou tisanes composées, en associant plusieurs espèces aux effets complémentaires.
Quand et pourquoi renouveler votre stock ?
Les principes actifs des plantes s’atténuent avec le temps. Je recommande de renouveler son stock chaque année, idéalement au printemps ou en été. Profitez des randonnées estivales pour préparer votre « pharmacie verte » de l’hiver suivant, toujours dans une démarche durable et respectueuse de l’environnement.
Récolter, faire sécher, conserver et utiliser des plantes médicinales en montagne est bien plus qu’une simple méthode écologique de soin : c’est aussi une manière de raviver notre lien – parfois oublié – à la nature sauvage. À chaque gorgée d’infusion, je me rappelle la chaleur d’un après-midi d’août, les senteurs de myrtilles et de sapins, et l’immense richesse que la montagne nous offre, sans rien demander en retour – si ce n’est un peu de respect.
Lola Rivière
